Val-de-Marne : la préfecture viole le droit d’asile

Le 14 novembre 2019, la préfecture du Val-de-Marne a bafoué le droit d’asile en expulsant vers son pays d’origine un ressortissant vénézuélien dont la demande d’asile était en cours d’examen, en violation des textes nationaux, européens et internationaux de protection des droits de l’Homme.
Incarcéré au centre pénitentiaire de Fresnes, M. V avait obtenu difficilement l’enregistrement de sa demande d’asile par la préfecture du Val-de-Marne, et ce, seulement après qu’une action devant le tribunal administratif de Melun ait été engagée en mars 2019 ; action soutenue par Droits d’Urgence, l’OIP-SF, La Cimade et le Gisti [1].
La justice avait ainsi reconnu l’application du droit d’asile en prison et enjoint à l’administration d’enregistrer les demandes dans un délai de 48 heures. M. V. s’était alors vu remettre une attestation de demande d’asile valable jusqu’au 6 décembre 2019. Il était par ailleurs convoqué à l’OFPRA le 25 novembre 2019, soit quelques jours après sa libération prévue le 14 novembre.
Pourtant, c’est avec un laconisme déroutant que la préfecture du Val-de-Marne informait l’une de nos organisations le 19 novembre, qu’en exécution d’une mesure d’interdiction judiciaire du territoire français, M. V. avait été embarqué illégalement pour Caracas le jour de sa libération, quelques jours avant son entretien avec l’OFPRA.
Or, le statut de demandeur d’asile impose le maintien sur le territoire au moins jusqu’à ce qu’il soit statué sur la demande, quand bien même la personne ferait l’objet d’une décision de reconduite à la frontière.
En procédant à l’éloignement d’un demandeur d’asile onze jours avant son audition devant un officier de protection de l’OFPRA chargé d’évaluer ses craintes de persécution dans son pays d’origine, l’autorité préfectorale s’est une nouvelle fois affranchie de la loi. Elle ne peut justifier cette atteinte à un droit fondamental par son inattention ou son incompétence, surtout quand elle expose une personne à des persécutions, des traitements inhumains ou une éventuelle atteinte à sa vie.
En agissant comme elle l’a fait, la préfecture du Val de Marne n’a pas seulement violé le droit, elle a aussi sapé la confiance que l’administration doit inspirer : l’autorité préfectorale est comptable de la crédibilité des institutions, dont la légitimité impose, dans un État de droit, le respect de la légalité.
Cet évènement, que la préfecture du Val-de-Marne tente de minimiser en invoquant une négligence, est très grave : le droit d’asile ne s’arrête pas aux portes des prisons, des centres de rétention et des zones d’attente !
L’OEE est d’autant plus déterminé à combattre les pratiques illégales dont les demandeurs et demandeuses d’asile sont victimes qu’elles les exposent à être renvoyées, comme M. V., vers des pays où ils et elles ont tout lieu de craindre des persécutions. 
25 novembre 2019
Organisations membres de l’OEE : 
ACAT, ANAFE, Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE), COMEDE, Droits d’urgence, FASTI, Genepi, GISTI, La Cimade, Ligue des droits de l’homme, MRAP, Observatoire citoyen du CRA de Palaiseau, Syndicat des avocats de France (SAF)


Réunion publique du 2 décembre 2019

Invitation à la prochaine réunion publique de l’OEE en concertation avec le Collectif Migrants Outre-mer (MOM)

Lundi 2 Décembre 2019 à 19h
À la Ligue des Droits de l’Homme
138 rue Marcadet – Paris – 18ème Métro Lamarck Caulaincourt
Rétention et détention des personnes étrangères en Outre Mer
Depuis longtemps, nos organisations dénoncent l’infra-droit qui caractérise le traitement des personnes étrangères dans les Outre-mer : droits sociaux au rabais, obstacles à l’accès à la nationalité, à la délivrance de titres de séjour ou à la circulation, expulsions massives et expéditives…

Les « singularités » ultramarines, instaurées depuis 1990 par un régime d’exception en matière de droits des personnes étrangères, ont des effets particulièrement graves  dans le domaine de la rétention administrative, du placement en zone d’attente, et des allers-retours entre prison et rétention, où la mise à l’écart du droit commun cause des ravages dans l’application de droits fondamentaux : accès aux droits et dispositifs d’accompagnement quasi inexistants, expulsions souvent exécutées sans qu’un juge n’en ait vérifié la légalité, enfants massivement enfermés (1 221 mineurs détenus au seul CRA de Mayotte en 2018 !).

C’est pour en parler, informer et débattre de l’actualité, que des militant.es et professionnel.les des organisations autorisées – lorsqu’elles n’en sont pas arbitrairement empêchées –  à rencontrer les personnes retenues en centres de rétention et en zone d’attente seront présent.es  lors de la prochaine réunion publique organisée conjointement par l’OEE et MOM. Seront représentés :
-        L’ANAFE
-        La CIMADE avec Lucie Curet et Camille Couturier
-        L’OIP avec Julien Fischmeister
-        Le Syndicat de la Magistrature
Pour en savoir plus : Publication MOM-OEE : Etrangers en Outre-mer : un droit exceptionnel pour un enfermement ordinaire, 2012,http://observatoireenfermement.blogspot.com
A propos de la rétention : les rapports, communiqués, pétitions, journaux, de la Cimade
A propos des zones d’attentes :
Rapport de mission sur Mayotte et La Réunion, 2017 http://www.anafe.org/spip.php?article 409
Communiqué Anafé-Gisti-MoM sur les conditions d’enfermement dans une zone d’attente temporaire en Guadeloupe (mars 2018) http://www.anafe.org/spip.php?article 464
Communiqué de la Cimade après la création d'une zone d'attente temporaire à la Réunion : https://www.lacimade.org/demande-dasile-a-la-frontiere-letat-hors-la-loi-a-la-reunion/
A propos de la détention : publications et communiqués de l’Observatoire International de Prisons
L’enfance en danger à Mayotte par François Bès de l’OIP in DEDANS DEHORS n°105 - octobre 2019 et aussi