Résister pour le respect des droits : non à la systématisation de la visioconférence en CRA !
De
renoncements en renoncements, le contentieux des étrangers demeure
le laboratoire de la justice de demain : rendue par
visioconférence, déshumanisée et éloignée des justiciables.
Cette « justice-webcam », le tribunal judiciaire de Lyon
s’apprête à la mettre en application puisqu’il est envisagé
que l’ensemble des juges statuant en matière de rétention
administrative tiennent leurs audiences par visioconférence.
Un
tel renversement des principes prévus par les dispositions du CESEDA
est manifestement illégal. L’article L743-7 prévoit en effet que
l’audience doit être tenue par le tribunal dans la salle aménagée
à proximité des CRA et ce « afin d'assurer une bonne
administration de la justice et de permettre à la personne étrangère
de présenter ses explications ».
L’Observatoire
de l’Enfermement des Étrangers dénonce régulièrement le fait
que les personnes étrangères ne puissent plus prétendre à ce que
la régularité des mesures de rétention administrative soit jugée
dans l’enceinte d’un tribunal. Ces personnes ont d’ores et
déjà vu leurs audiences reléguées dans des pseudos-salles
d’audience à proximité des CRA. Elles devraient aujourd’hui
admettre que la visioconférence, qui devait être l’exception,
devienne la norme et que l’autorité judiciaire ne se déplace
plus.
La
systématisation de la visioconférence porte atteinte à la qualité
de la justice rendue. Comme le démontre le rapport publié par l’OEE
en juin 2022 « En
finir avec les audiences par "visio"»,
cette dernière empêche le juge de remplir son office, sans compter
la barrière de la langue et la complexité de la procédure. Enfin,
elle restreint les droits de la défense et le contradictoire, les
avocat·es
se trouvant le plus souvent dans les tribunaux et non aux côtés des
personnes étrangères.
Alors
que l’OEE milite pour la disparition pure et simple de la rétention
administrative, nos associations exigent une justice humaine et
accessible, dans un contexte où les « impossibilités de
faire » opposés par l’administration pour justifier le
recours systématique à la visioconférence se multiplient. Au-delà
du contentieux imposé aux personnes étrangères, ce sont aussi
l’instruction, la justice pénale des mineurs
et post-sentencielle qui sont également visées.
L’observatoire
de l’enfermement des étrangers rappelle qu’une justice décente
a besoin de moyens pour fonctionner et que le respect des droits
fondamentaux des personnes enfermées doit primer sur une politique
d’enfermement et d’expulsion répressive et destructrice pour ces
personnes.
Organisations
membres de l’Observatoire de l’enfermement des étrangers :
ACAT-France,
Anafé, Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE),
Cercle des voisins du CRA de Cornebarrieu, Comede, Droits d’urgence,
Fasti, Gisti, La Cimade, Le Paria, Ligue des droits de l'Homme, MRAP,
Observatoire Citoyen du CRA d’Oissel, Observatoire Citoyen du CRA
de Palaiseau, Observatoire international des prisons (section
française), Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la
magistrature (SM).