70 personnes enfermées à
Roissy : bientôt un cluster dans la zone d’attente ?
Aujourd'hui, 70 personnes (dont 12 enfants et 46 demandeurs
d’asile) sont enfermées dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy dans des
conditions sanitaires inquiétantes, largement en-deçà des standards minimums
exigés dans le cadre de la lutte contre la crise sanitaire liée au covid-19.
C’est la première fois, depuis le début de la crise sanitaire,
qu’autant de personnes sont enfermées en même temps dans la zone d’attente de
Roissy (la plus grande de France). Depuis le début de la semaine, leur nombre a
largement augmenté, atteignant jusqu’à 85 personnes hier, 30 mars 2021.
Les conditions dans lesquelles elles sont enfermées sont
préoccupantes d'un point de vue sanitaire. En effet, les locaux de la zone
d'attente ne sont pas aérés. Le gel hydroalcoolique n’est pas en accès libre.
Les chambres, en principe individuelles, sont parfois partagées faute de place,
ce qui rend la nécessaire distanciation impossible.
Jonathan, demandeur d’asile sri-lankais, est
obligé de partager sa chambre depuis 9 jours avec une autre personne car il y a
plus de personnes en zone d’attente que de chambres disponibles.
Aucune désinfection, notamment des téléphones et des couloirs
exigus, n'est - a priori - mise en œuvre alors que ceux-ci sont très largement
utilisés par les personnes enfermées. Certaines personnes portent le masque
avec lequel elles ont voyagé pendant plusieurs jours.
Gisèle, reconnue réfugiée en Grèce, est arrivée à Roissy il y a 3
jours. Ce n’est qu’hier qu’elle a pu changer son masque, ignorant qu’elle avait
la possibilité de s’en procurer avant.
Il semble que les autorités fassent fi des règles qui permettent
de protéger les personnes en dehors de la zone d’attente. Apparemment ces
règles ne s’appliquent pas en zone d’attente, alors que des personnes qui ont
été testées positives ont pu y être enfermées.
Après deux jours en zone d’attente, et afin de le renvoyer vers le
Burkina-Faso, Ali, résident italien, a été soumis à un test PCR. En raison d’un
résultat positif, il est admis sur le territoire et isolé chez son frère. Les
autres personnes maintenues en zone d’attente en même temps que lui n’ont pas
été testées.
Depuis le début de la pandémie du covid-19, l’Observatoire de
l’enfermement des étrangers suit l’évolution de la situation juridique et
sanitaire des personnes bloquées aux frontières et notamment à l’aéroport de
Roissy, dénonce les conditions dans lesquelles les personnes sont enfermées sans
respect des conditions sanitaires, milite auprès des autorités pour la
fermeture de ces lieux où les conditions sanitaires ne peuvent être respectées
et alerte les instances de protection des droits humains.
L’Observatoire de l’enfermement des étrangers s’indigne donc à
nouveau du traitement réservé aux personnes étrangères dans les zones d’attente
par le ministère de l’intérieur qui privilégie le contrôle, l’enfermement et le
renvoi, au détriment de leur santé, et de la protection de toutes et tous contre
le covid-19.
Cette situation rappelle que la seule solution est la fin de
l’enfermement des personnes.
Organisations
signataires :
ACAT-France,
Avocats pour la défense des droits des étrangers, Anafé, Comede, Droits
d’urgence, Fasti, Genepi, Gisti, La Cimade, Le Paria, Ligue des droits de
l'homme, MRAP, Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau, réseau de visiteurs et
l'observatoire citoyen du CRA de Oissel, Syndicat des avocats de France,
Syndicat de la magistrature.